La conduite de groupe, entre positionnements et techniques
Sommaire
I. Le conducteur, garant du cadre de travail
1. Continuité et régularité de l'espace
2. Règles de fonctionnement
3. Centration et objectifs
II. Penser les rôles et rapports de place en groupe
III. Les techniques d'animation
1. Ecouter
2. Reformuler
3. Questionner
4 Analyser, synthétiser
Eléments de contenu
En référence aux connaissances relatives aux dynamiques de groupe, il est, ici, important de distinguer le leader qui assure davantage un leadership spontané de l’animateur qui est une sorte de leader « professionnel »
D’une manière générale, conduire un groupe dans une visée démocratique (cf. Lipitt et White, les différents styles de commandement, 1944) consiste à maintenir l’orientation du groupe vers ses objectifs, à favoriser la production libre des échanges concourant à la réalisation des tâches fixées, à réguler la vie émotionnelle du groupe (cf. Pierre Palmade, Fonctions de l’animateur dans un groupe à tâche, 1959).
Nous développons ci-dessous certains enjeux en lien avec l'exercice de ces fonctions.
I. Le conducteur, garant du cadre de travail
Toute situation proposée pour qu’advienne un processus implique dans le même temps la mise en place d’un cadre.
« Son cadre correspondra alors aux constantes d’un phénomène, d’une méthode ou d’une technique, et le processus à l’ensemble des variables » (Bleger in crise rupture et dépassement, page 257). Le cadre selon joseph Bleger est ainsi « un non-processus en ce sens qu’il est fait de constantes à l’intérieur duquel le processus lui-même a lieu. » « Le cadre est constant et il est de ce fait un facteur déterminant dans les phénomènes qui régissent les processus du comportement » Bleger page 261
Poser un cadre reviendrait donc à favoriser l’évolution, le changement donc le travail et ce en bornant, en contenant.
On peut y inclure l’ensemble des facteurs affectant l’espace (ambiance) et le temps, le rôle de l’animateur et la technique.
1. Continuité et régularité de l’espace
Les périodicités des réunions est un élément important dans la construction de sens et de cohérence : ponctuelles, régulières
2. Principes de fonctionnement
Quelles modalités de prise de parole et de prise de décision (unanimité, majorité, pondération en fonction du statut) ?
Quelles règles ? La confidentialité et/ou l’anonymat, l’implication/investissement...
Lorsque l’on pense la règle, il importe de penser aussi l’hypothèse de sa transgression et de penser à la façon dont on souhaite reprendre cela avec les personnes et le groupe.
3. Centration et objectifs
Chaque espace de travail doit être bordé pour que chaque participants comprenne bien ce qui est attendu de lui, quelle fonction aura sa parole et ce qu'il sera ou non possible de traiter, de mettre au travail ici.
II. Penser les rôles et rapports de place en groupe
Le groupe de travail est un outil complexe à l’intérieur d’une organisation générale. Il importe de penser cette organisation, de remettre les choses dans leur contexte et de lire les évènements en prenant en considération tous les acteurs en jeu, Dans les groupes humains, chaque membre joue un rôle, de manière consciente ou inconsciente. Ce dernier dépend largement du statut, c’est à dire de la position occupée dans le système social. Le statut modélise les comportements en relation avec la culture et l’histoire des individus.
La compréhension de ce qui se joue dans "l'ici et maintenant" de ce cadre de travail est nécessairement à relier à des enjeux plus globaux. Dans la conduite de groupe, le conducteur sera attentif à ces paramètres. Le rapport de place peut être à tout moment menacé par un déséquilibre provoqué par les différents statuts (notamment hiérarchiques).
Ces enjeux sont développés dans la fiche thématique : Participer aux réunions.
Afin d’assurer la valorisation de l’image de soi de chacun, l’animateur va pratiquer des rituels. Ces rituels sociaux, principe régulateur fondamental des contacts sociaux, permettent de préserver un sentiment d’équilibre (symétrique, complémentaire, hiérarchique). Il existe également des « Stratégies d’équilibrage » plus individuelles: introduire une forme d’équilibre dans une relation déséquilibrée (celui qui a du pouvoir hiérarchique se comporte de manière à ne pas paraître hautain…)
L'animateur est ainsi lui-même attendu sur des rôles (voir fiche pratique sur les rôles de l'animateur d'une réunion) qui peuvent être perçus comme fondamentaux pour la bonne tenue de la réunion.
III. Les techniques d’animation
Pour conduire une réunion de façon satisfaisante, son animateur a besoin de savoir questionner, écouter, reformuler, analyser et synthétiser et, pour ce faire, de maîtriser certaines techniques.
1. Ecouter
L’écoute suppose une certaine neutralité de la part du conducteur de la réunion, c’est à dire une capacité à recevoir des avis ou des opinions différents des siens. Cette écoute se manifeste tant par une attitude d’ouverture que par la qualité des reformulations.
2. Reformuler
La reformulation permet de vérifier la compréhension de ce qui a été dit et d’autre part de rassurer ses interlocuteurs en leur montrant que l’on a compris l’essentiel de leur message.
La reformulation peut porter sur ce qui est dit ; elle contribue alors à la fonction de facilitation ; ou sur ce qui est ressenti par le groupe ; elle contribue alors à la fonction de régulation, en permettant la mise à plat d’un blocage.
3. Questionner
Il y a plusieurs façons de questionner et les divers types de questions ont des effets différents, selon qu’il s’agit de questions ouvertes ou fermées.
- Questions fermées
Ce type de question limite le dialogue. Elle permet de recueillir une information précise.
- Questions ouvertes
Ce type de question donne à l’autre la possibilité de s’exprimer librement et de donner son opinion, son état d’esprit
- Questions relais
Ce type de question permet d’explorer de façon plus approfondie un élément de ce que vient de dire l’interlocuteur en fonction de l’objectif de la réunion et non en fonctions des préoccupations personnelles de l’animateur
- Questions écho
Ce type de question consiste à répéter un mot un bout de phrase de l’interlocuteur afin qu’il précise sa pensée.
4.. Analyser, synthétiser
Le conducteur d’une réunion est amené à analyser rapidement l’ensemble des interventions et à en faire des synthèses partielles. Pour ce faire, la prise de note classique et diverses autres méthodes peuvent être utilisées.
Bibliographie
Chevetzoff - Méthodologie de conduite de groupe, « Connexions » 2015/2 n° 104, Erès, pages 19 à 34
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